– Damien Vitiello : 7 décembre à 13h30 en salle des thèses.
Dysfonctions cardiaques transitoires induites par un exercice physique prolongé. Exploration de la mécanistique par une approche translationnelle.
L’activité physique régulière est bénéfique pour la santé cardiovasculaire. Cependant, des travaux ont rapporté des dysfonctions cardiaques après des exercices physiques prolongés (EPP) tels que les marathons ou les triathlons longue distance type « Ironman ». Ces dysfonctions sont souvent associées à des dommages myocardiques. Récemment, des études échocardiographiques ont suggéré que ces dysfonctions étaient associées à des baisses de contractilité et de relaxation myocardiques. Toutefois, l’atteinte myocardique après un EPP reste à ce jour controversée et les mécanismes sous-jacents de ces dysfonctions demeurent inconnus. Dans ce contexte, le but de ce travail de doctorat a été i) de vérifier la diminution de contractilité et/ou de relaxation du myocarde après un EPP ii) d’évaluer l’implication de la voie ß-adrénergique et du stress oxydant dans l’altération de la fonction cardiaque. Pour cela, une première approche clinique, basée sur l’utilisation de l’échocardiographie cardiaque haute résolution (et plus particulièrement une technique de pointe, le « Speckle Tracking Echocardiography ») nous a permis d’appréhender la fonction myocardique par l’intermédiaire de l’évaluation des déformations et de la torsion du ventricule gauche pendant le cycle cardiaque. Une deuxième approche fondamentale, chez l’animal, nous a permis d’évaluer la fonction cardiaque après un EPP chez le rat au niveau de l’organe entier et de l’organe isolé dans des conditions basale et de stress (ß-adrénergique). Des investigations complémentaires ont été réalisées sur le tissu myocardique pour évaluer le stress oxydant (GSH/GSSG, MDA) et des marqueurs de dommages cellulaires cardiaques (troponines I) après avoir bloqué la NAD(P)H oxydase (Nox), enzyme fortement impliquée dans la production d’espèces réactives dérivées de l’oxygène au niveau cardiaque. Les résultats de ces travaux montrent clairement, chez l’Homme et l’animal, des baisses de contractilité et de relaxation myocardiques associées à une augmentation des marqueurs de dommages cellulaires cardiaques après un EPP. Alors que la voie ß-adrénergique ne semble pas être impliquée dans ces dysfonctions, nos résultats indiquent que le stress oxydant joue un rôle majeur, puisque lorsque la Nox est bloquée, la fonction cardiaque est majoritairement restaurée après l’EPP.
Mots clés : Exercice physique prolongé, Fatigue cardiaque, Speckle Tracking Echocardiography, Stress oxydant, Troponines I cardiaques, Voie ß-adrénergique.
– Faycal Meziri : 8 décembre à 14h00 en salle des thèses.
Influence de l’érythropoïétine recombinante humaine sur les fonctions cardiovasculaire et rénale chez le rat présentant une dysfonction endothéliale : effets des interactions avec l’exercice chronique
L’administration chronique de rHuEPO peut engendrer de graves effets secondaires. Une augmentation de l’hématocrite provoquée par la rHuEPO, en augmentant l’érythrocytose, la viscosité sanguine et les forces de cisaillement à la surface vasculaire, peut être responsable d’hypertension artérielle (HTA) et de thromboses artérielles. La présence d’une fonction endothéliale normale et de monoxyde d’azote (NO) peut contrer les effets délétères thrombogène et hypertenseur de l’EPO. Sur ces bases, nous avons étudié les effets cardiovasculaires d’une administration chronique de rHuEPO dans différentes situations : dans le cadre du dopage, chez des rats « sportifs » présentant une dysfonction endothéliale NO-dépendante induite par l’administration chronique de L-NAME et dans le cadre d’un traitement chez des rats urémiques développant une dysfonction endothéliale NO-dépendante résultante d’une néphrectomie de 5/6 de la masse rénale. Chez nos rats entrainés, dopés et traités au L-NAME, nous avons observé une altération de la performance physique avec une mortalité importante (51%). Une HTA sévère s’est développée chez ces rats, avec des valeurs de pression artérielle (> 220 mmHg) bien plus élevées que celles des rats recevant le L-NAME seul, associée à une altération de la vasorelaxation NO-dépendante aortique (< 60%). Les rats insuffisants rénaux (IRC) ont eux aussi montré une augmentation de la pression artérielle et une dysfonction endothéliale en réponse à l’acétylcholine au niveau de l’aorte et en réponse à une élévation du flux au niveau de l’artère mésentérique perfusée. Ces différents paramètres ont été améliorés par l’exercice. Les coupes de rein colorées au rouge Sirius ont montré une fibrose accentuée chez les rats CKD. La fibrose, la créatinémie et l’albuminurie ont été diminuées par l’exercice seul mais ont été aggravées chez les rats du groupe CKD+EPO+Ex. L’activité NADPH oxydase et l’expression des Nox4, p67phox et MAPK erk1/2 ont été augmentées chez les les rats CKD. L’exercice ou la rHuEPO ont prévenu ces augmentations. Cependant, l’activité de la NAD(P)H oxydase et l’expression des MAPK erk1/2 sont restées élevées dans le rein des rats CKD+EPO+Ex. Nos données suggèrent que l’exercice seul a un effet protecteur contre les dysfonctions vasculaire et rénale et la fibrose rénale. Ces effets protecteurs sont associés à une inhibition de l’activité de la NADPH oxydase et des voies de signalisation MAPK erk1/2. Par contre, l’exercice combiné avec le traitement rHuEPO, a des effets délétères sur la structure et la fonction rénale des rats CKD. Ces effets nocifs semblent liés à la stimulation de la NADPH oxydase et des voies de signalisation MAPK erk1/2. Malgré les effets protecteurs cardiovasculaire et rénal de l’entraînement physique, ces résultats mettent en évidence que la fonction rénale peut être potentiellement endommagée ainsi que la structure du rein en combinant l’exercice avec le traitement rHuEPO dans l’insuffisance rénale. En conclusion, nous pouvons dire que la rHuEPO affecte gravement la fonction cardiovasculaire du rat entraîné présentant une dysfonction endothéliale. Ce risque étant fatal, beaucoup de sportifs, voulant augmenter leur performance, mettent leur vie en danger. Par ailleurs, ayant remarqué les effets délétères au niveau rénal, en associant exercice et traitement rHuEPO dans des conditions expérimentales sur un modèle d’insuffisance rénale, nous suggérons une investigation clinique afin de vérifier la transposition de nos résultats aux patients insuffisants rénaux.
Mots-clés : Erythropoïétine, Dysfonction endothéliale, Exercice, Dopage, Insuffisance rénale chronique, Stress oxydatif